Le réseau outre-mer de France Télévisions : une dynamique à conforter

Peter Stanick

Peter Stanick

intéressant passage du rapport de la Cour des comptes: la reconquête du public jeune passera notamment par les supports numériques, ce qui suppose de considérer les plateformes numériques comme des chaînes à part entière et non comme des canaux de second ordre par rapport à la diffusion hertzienne. À cet égard, les enjeux sont aussi importants en matière de programmes que pour l’information où les journaux télévisés apparaissent comme des formats en perte de vitesse, par rapport à l’information consultée sur téléphone mobile. 

Rapport public thématique 2016 de la Cour des comptes « FRANCE TELEVISIONS Mieux gérer l’entreprise, accélérer les réformes« .

Quelques morceaux choisis concernant le réseau des Outre-Mer 1ère… 

(p.133) Le développement du réseau doit être conforté par une meilleure maîtrise de la masse salariale

« Le renforcement du numérique comme le développement de la production locale nécessite de trouver de nouvelles marges financières qui doivent passer par des économies sur la masse salariale. S’agissant de la régulation de l’activité, la rédaction de Malakoff a établi en 2015 un plan de charge annuel qui permet d’optimiser le travail des présents et de moins recourir aux non-permanents. Cette démarche est en cours d’adoption par l’ensemble des stations. Une meilleure gestion des tableaux de service ouvre également la possibilité de dégager des marges budgétaires. Il apparaît par ailleurs essentiel de réduire les provisions pour récupération, qui s’élèvent à 3 M€ en 2015, et ont augmenté d’un tiers en trois ans. Le temps de travail effectif des personnels, comme partout à France Télévisions, n’est suivi que sous forme déclarative. Au regard des montants en jeu, le paiement d’heures supplémentaires devrait être subordonné à l’existence d’un contrôle automatisé du temps de travail. »

« La question de la polyvalence est posée depuis longtemps dans le réseau outre-mer. Le rapport de la Cour de 2004 signalait sa précoce prise en compte par RFO. Cette polyvalence peut s’exercer entre les métiers et entre les médias : télévision, radio et numérique. Rien n’empêche un journaliste reporter d’images, lors d’un reportage, de prendre du son pour la radio et une photographie pour le site internet. (…) Sans attendre la négociation générale de l’entreprise sur les compétences complémentaires, un accord intérimaire a été signé sur ce sujet le 12 janvier 2016. Ce texte paraît néanmoins trop marqué par une définition générale des emplois qui mériterait d’être assouplie. Et le principe de volontariat sur lequel il repose ne semble guère satisfaisant, tant l’évolution vers la polyvalence d’un certain nombre de métiers paraît être leur voie naturelle de transformation. »

(p.134) Conclusions et recommandations « 

« À bien des égards, le réseau des Outre-Mer 1ère constitue une expérience sur laquelle le réseau régional de France 3 pourrait s’appuyer pour sa propre réforme dans le cadre de la réorganisation territoriale en cours. Leur organisation sous l’égide d’une stratégie claire et partagée, la convergence des médias qui s’y opère, des modes de fonctionnement originaux, et un développement rapide du numérique entretiennent une dynamique globalement positive qui se manifeste dans les audiences. Pour autant, de nombreux efforts restent à mener pour, d’une part contenir les charges croissantes qui risquent d’étouffer cette dynamique, d’autre part mieux intégrer les stations d’outre-mer dans l’entreprise unique. »

(p. ) Annexe n° 12 : une autre « vision du monde » : le cas de la rédaction Caraïbes

« Sous le titre, « une autre vision du monde », l’avenant au contrat d’objectifs et de moyens précise que « les outre-mer sont des points d’observation du monde qui proposent une actualité internationale spécifique, complémentaire de celle que peuvent offrir les autres chaînes de France Télévisions. En fonction des moyens disponibles, la couverture de cette actualité est assurée, par les stations, mais aussi par les équipes en métropole, qui proposent des sujets nationaux et internationaux au réseau, dans des créneaux pertinents et adaptés aux décalages horaires ». Sur ce principe, en 1995, en Martinique, a été créée une rédaction consacrée à l’information sur la région caribéenne. Cette rédaction compte aujourd’hui quatre journalistes appuyés par des JRI et des techniciens volontaires, en fonction des besoins. Au départ, la Guadeloupe et la Guyane contribuaient, mais ces deux stations ont arrêté leur soutien, même si elles reprennent les sujets produits. Il s’agit de la seule équipe qui se consacre pleinement, au sein du réseau outre-mer, à une « actualité internationale spécifique ». Le même dispositif n’a pas été repéré pour l’Océan Indien ou le Pacifique sud. Pour entretenir cette rédaction et favoriser les échanges avec les autres télévisions de la région, France Télévisions doit adhérer aux organisations régionales en matière audiovisuelle. Or, France Télévisions, en 2012, a cessé ses contributions. Martinique 1ère s’est finalement réaffiliée à deux de ces organisations comme membre associé (10 000 $ par an), ce qui lui permet des échanges d’images. Autre question, le paiement de pigistes étrangers (haïtiens, cubains), qui pourraient contribuer à cette rédaction, ne semble pas possible ici alors que ce type de paiement sur factures est employé par certains bureaux à l’étranger de France Télévisions. Les quatre membres de la rédaction occasionnent, pour leur part, en 2014 et 2015, environ 30 000 € de frais de mission par an auxquels il faut ajouter les frais de mission des JRI. La rédaction Caraïbes contribue fortement au web. Elle produit un magazine mensuel télé, un magazine radio hebdomadaire, des participations aux éditions radio, télé, numérique. Les informations produites ne se retrouvent pas sur la plateforme de France Télévisions Géopolis, consacrée aux questions internationales. La coordination avec Paris ne semble pas évidente. En 2010, au moment du tremblement de terre d’Haïti, les journalistes de la rédaction Caraïbes ont été les premiers sur place. Ceux de France 2 sont arrivés trois jours après, mais pour autant les images de la rédaction Caraïbes n’ont pas été reprises dans les éditions nationales. Au-delà de la formulation du contrat d’objectifs et de moyens, l’exemple de la rédaction Caraïbes conduit à s’interroger sur la place réelle que souhaite donner France Télévisions aux stations ultramarines dans la production de l’actualité internationale. »

(p. ) Annexe n° 13 : frais de mission occasionnés par le dialogue social outre-mer

« L’entreprise unique a des effets sur les conditions du dialogue social. Chaque station est devenue un établissement en tant que tel. L’outre-mer est ainsi surreprésenté dans les instances représentatives du personnel du groupe où neuf sièges lui sont dévolus –ce nombre de sièges n’étant évidemment pas en rapport avec la proportion des effectifs de l’outre-mer au sein du groupe (ainsi, France 3 n’a que cinq sièges et le siège un seul). Il en résulte par ailleurs que les frais de mission induits par la participation des représentants des stations aux réunions au niveau du groupe sont très importants (cf. tableau suivant, où seule l’année 2015 a pu être complétée et fait ressortir un montant total de frais dépassant largement le demi-million d’euros). »

etc., etc.

Allez en prime un petit classique du temps ou Mojo voulait dire autre chose que journaliste mobile. Une bise à Maeva au passage.

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Corruptio optimi pessima

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Publié dans Une semaine en Desirade

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